Pourquoi et comment gérer ses matières organiques au Témiscouata ?

Chaque semaine de mai et juin 2022, la RIDT effectue une chronique sur la gestion de nos matières résiduelles sur les ondes de Plaisir 95.5 Dégelis.
Pour écouter la chronique sur les moyens qui seront mis en place au Témiscouata pour gérer les matières organiques, c’est ici.

Enjeux réglementaires

Le gouvernement du Québec a adopté une stratégie de valorisation de la matière organique.
L’enfouissement des déchets est le 5ème émetteur de GES en importance au Québec et celui des matières organiques en est la principale source.

Plusieurs objectifs ont été identifiés

  • Instaurer la gestion des matières organiques sur 100% du territoire municipal d’ici 2025
  • Gérer la matière organique dans 100% des industries, commerces et institutions d’ici 2025
  • Recycler ou valoriser 70 % de la matière organique d’ici 2030
  • Réduire de 270 000 t éq. CO2 les émissions de GES d’ici 2030

Afin d’atteindre ces objectifs, le gouvernement prévoit différents mécanismes, notamment pour augmenter le coût de l’enfouissement des matières résiduelles pour dissuader les utilisateurs et tenter de favoriser le recyclage ou la valorisation des déchets

  • Hausser les redevances pour l’enfouissement à 30,00 $/t au lieu de 24,32 $/tonne actuellement
  • Instaurer une nouvelle redevance de 10,00 $/t sur les matériaux de recouvrement alternatifs utilisés dans les lieux d’enfouissement
  • Obligation de mettre en place certains services pour continuer à bénéficier du programme de subvention de redistribution des redevances dès 2022
  • Obligation, pour les ICI, d’instaurer une collecte du recyclage et des matières organiques. Instaurer des pénalités aux ICI qui ne sont pas dotés de ces collectes

Enjeux financiers

Au Témiscouata, la collecte et l’enfouissement des déchets représentent déjà 61 % des quotes-parts facturées aux 19 municipalités membres.

Si rien n’est fait, la RIDT pourrait être impactée négativement de près de 230 000 $ par année et les taxes de services municipales devraient assumer cette différence.
L’impact financier des modifications proposées par le gouvernement se ferait sentir dès l’année 2023.

L’année 2022 est donc l’année charnière pour mettre en place les différents services liés à la gestion des matières organiques.

Enjeux techniques

En 2021, la RIDT a fait effectuer une analyse exhaustive de la composition des déchets déchargés dans son lieu d’enfouissement technique.
Un tiers du contenu de nos poubelles serait compostable !

 

Les enjeux techniques sont nombreux et variés tels que les grandes distances de collecte sur le territoire, la faible densité d’unités d’occupation à desservir, le tonnage de matières peu important, les coûts récurrents impliqués et la capacité de payer des citoyens et entreprises

Depuis 2014, la RIDT et son conseil d’administration représentant les 19 municipalités du territoire ont procédé à l’analyse de plusieurs scénarios afin de cibler le meilleur service à mettre en place au Témiscouata pour répondre à l’ensemble des exigences.

La mise en place d’un 3ème bac (bac brun) n’a pas été retenue

Elle implique des coûts de collecte importants et récurrents, environ 165 000 kilomètres de plus de collecte avec les émissions de GES, la nécessité d’avoir accès à un site de traitement pour traiter l’ensemble des matières et un système parallèle pour gérer les résidus verts et les branches qui ne peuvent être mis dans ce bac.
Les coûts de collecte et de traitement pour le bac brun étaient estimés, en 2018, à 425 000 $/année soit près de 45 $ par foyer/année.

Le tri chez les utilisateurs à partir de sacs plastiques d’une couleur spécifique n’a pas été retenu

Les sacs fournis à chaque foyer impliquaient des coûts récurrents importants et généraient une grande quantité de plastiques difficile à recycler. Les coûts de construction et d’opérations de l’usine qui aurait trié les sacs avec des lecteurs optiques et des bras robotisés imposaient aussi des frais fixes élevés.
Les coûts étaient estimés à un peu plus de 400 000 $/année soit 40 $ par foyer/année.

Dans les deux scénarios précédents, les coûts pour la collecte des conteneurs des commerces et institutions et ceux pour les dépôts de résidus verts non acceptés dans les bacs bruns n’étaient pas inclut, environ 235 000 $/année.

Solutions retenues au Témiscouata

Après avoir analysé les exigences gouvernementales et évaluer les différents scénarios qui s’offraient à eux, les dirigeants de la RIDT ont décidé de privilégier une approche différente de celle des centres plus urbains en optant pour une solution adaptée à la réalité régionale aussi bien écologiquement qu’économiquement.

Écologique

  • en valorisant les matières organiques directement chez les gens
  • en limitant l’émission des gaz à effets de serre de la collecte
  • en offrant aux citoyens différentes solutions pour qu’ils choisissent celle qui leur convient le mieux

Économique

  • en détournant du bac à déchets et du lieu d’enfouissement technique les matières organiques
  • en éliminant une troisième collecte et ses coûts associés
  • en évitant d’avoir à traiter beaucoup de matières avec un système de compostage industriel
  • en prolongeant la durée de vie du lieu d’enfouissement technique

La gestion à la source est la solution pour les matières organiques au Témiscouata.

Pour ce faire, la RIDT a décidé de mettre en place 4 systèmes complémentaires

  • La distribution systématique de composteurs domestiques et de récipients de cuisine à 100 % des unités d’occupation de 5 logements et moins. Les 6 logements et plus pourront utiliser les points d’apport volontaires. Le compostage domestique permet de gérer les résidus verts et les résidus alimentaires d’origine végétale seulement.
  • L’accès à un dépôt municipal pour les résidus verts (ou écocentre) par municipalité.
  • L’accès à au moins un point d’apport volontaire pour les résidus alimentaires d’origine végétale et animale.
  • La mise en place de conteneurs à chargement avant pour les ICI (industries, Commerces et Institutions) qui génèrent des matières organiques, incluant la collecte et le traitement des matières recueillies.

On considère qu’il est primordial de sensibiliser et de responsabiliser le citoyen en l’équipant d’outils et de moyens qui, même après 5, 10 ou 20 ans ne coûteront rien de plus.

Pour finir, la gestion à la source par le compostage domestique peut produire un engrais profitable pour les jardins, les plates-bandes et la pelouse, réduisant ainsi les achats de produits horticoles souvent plus néfastes qu’utiles pour l’environnement.

Chez les citoyens

Les 9 600 résidences identifiées, incluant les chalets, recevront donc gratuitement un composteur domestique avec des fixations et un aérateur-mélangeur, de même qu’un récipient de cuisine dans lequel ils retrouveront le mini-guide du compostage domestique, spécialement conçu pour ce projet.

 

Les citoyens y retrouveront aussi un petit document d’information pour leur donner la date prévue pour la séance d’information publique dans leur municipalité et les adresses des points d’apports volontaires et du dépôt municipal.
Les informations sur les deux visioconférences gratuites y seront aussi indiquées.
Tous les contenus seront aussi disponibles en ligne sur le site de la RIDT.

Aucune inscription n’est requise car tous les foyers recevront les équipements selon une séquence établie avec le fournisseur.

La distribution devrait s’étaler sur un mois (sur juin et juillet) et les périodes plus précises seront indiquées par la RIDT grâce à un courrier qui sera transmis à chaque occupant environ une semaine avant.

 

Les dépôts municipaux

La RIDT a également décidé de doter chacune des municipalités d’un dépôt municipal qui soit à la fois à proximité et accessible aux résidents. Ceux-ci peuvent y apporter leurs surplus de résidus verts de même que des branches.
Une section pour les résidus domestiques dangereux (RDD) y est même aménagée.

Les municipalités effectueront la supervision générale de ces dépôts et la RIDT s’occupera de faire ramasser et traiter les matières déposées selon les normes en vigueur.

 

Certains matériaux sont interdits dans les dépôts municipaux car ils sont seulement réservés aux résidus verts, aux branches ou au RDD provenant des citoyens. Ce service n’est pas prévu pour les ICI.
Tous les autres matériaux peuvent être acheminés dans l’un ou l’autre des 4 écocentres de Dégelis, Pohénégamook, Squatec et Témiscouata-sur-le-Lac.

Dans les commerces ou institutions qui génèrent des matières organiques

Les industries, commerces et institutions (ICI) sont « responsables » de près de 30 % de toutes les matières organiques alimentaires générées dans la région, Celles qui en produisent de bonnes quantités seront rencontrées individuellement afin d’être informée et pour établir avec eux leurs besoins réels. Elles recevront gratuitement d’ici la fin juin un conteneur à chargement avant et/ou d’autres équipements pour le tri.

Une campagne de sensibilisation ciblée suivra et les nouvelles méthodes de tri à utiliser seront aussi expliquées à leurs employés.
Des outils de communication et de signalisation seront disponibles à chaque endroit.

Les points d’apports volontaires

Chaque municipalité disposera d’un ou de plusieurs points d’apports volontaires qui seront accessibles facilement.
Il s’agit de conteneurs à chargement avant, identiques à ceux utilisés dans les ICI, mais à usage public.
Ils pourront être utilisés par tout le monde

  • Ceux qui ne souhaitent pas faire de compostage domestique
  • Ceux qui font du compostage mais veulent apporter leurs résidus d’origine animale
  • Ceux qui ne veulent pas composter l’hiver
  • Ceux qui ont beaucoup de matières organiques

Afin de faciliter le transport des matières vers ces points d’apport volontaire, les citoyens pourront utiliser leur récipient de cuisine (livré avec le composteur) ou se procurer gratuitement une chaudière de stockage de 5 gallons qui dispose d’un couvercle vissable, facile à ouvrir.

Les chaudières de stockage seront distribuées lors des séances d’informations publiques puis dans les écocentres et municipalités par la suite.

Une fois que les matières auront été déposées dans les conteneurs à chargement avant, dans les ICI ou les points d’apports volontaires, une collecte spécifique permettra de les apporter vers une usine qui les traitera grâce à un procédé industriel. Le compost produit qui est sortira sera utilisé comme amendement agricole.